NUM NOIR
PROFESSION TUEUR
GILLES AUBIGNY
En hissant le corps d’Estelle Frigman dans la baignoire, je me suis demandé si j’étais encore fait pour ce métier. Je finis par admettre que j’en avais marre de liquider de parfaits inconnus qui, pour la plupart, valent bougrement mieux que les raclures qui paient pour les voir morts. Marre d’exécuter les basses œuvres d’intraitables connards qui estiment que le meilleur moyen de laver leur honneur est de zigouiller celui ou celle qui l’a remis à sa juste place. Mais un contrat, ça se respecte. J’avais l’obligation professionnelle d’en honorer les clauses comme je m’y étais engagé, même si cela me coûtait terriblement. Même si je devais tuer la mort dans l’âme.
EXTRAIT
Il est 8 h et une faible neige s’est mise à tomber. Ça fait 1 h 30 que Sophie Attiaz a passé l’arme à gauche, et je suis toujours sur place à attendre. Au début, il n’y avait qu’une dizaine de badauds. Pas assez pour y passer inaperçu. Alors je me suis planqué le temps que la foule s’étoffe, puis je me suis fondu dans la masse.
J’ai toujours apprécié le folklore des gyrophares et des sirènes. Le cirque des gus en uniformes, qui s’affairent autour d’un cadavre. Ils me font penser à un essaim de mouches aveugles batifolant au-dessus d’un pot de miel tapissé de moisissures.
Les flics, ils tirent une gueule de six pieds de long. Ils ne sont pas contents du tout d’être là, ça se voit à la mine chafouine. Ils doivent m’en vouloir de leur avoir mis un macchabée dans les pattes par un temps pareil. Ils ont froid aux miches. Ils sont fatigués. Ils doivent déjà avoir leur compte de suicides, d’accidents, de conflits domestiques et de querelles de voisinage.
AUSSI EN VENTE SUR :
Format Poche / 242 pages
ISBN 978-2-924286-53-1
SEULE LA HAINE NOUS UNIRA
GILLES AUBIGNY
Ils sont cupides, vicieux, égoïstes, mythomanes, fourbes, opportunistes. Ils n’ont aucune pudeur, aucune morale. Il y a quelque chose en eux de foncièrement mauvais, quelque chose qui les pousse à voir les autres soit comme des obstacles, soit comme des proies potentielles. Ils sont liés par une farouche antipathie pour ce monde qui les entoure. C’est cette haine qui les a probablement fait se rencontrer et qui les a réunis. Qui en a fait un couple à part.
EXTRAIT
Une mouette venait de judicieusement se lâcher sur la tronche d’un affreux mouflet qui braillait à tue-tête sans la moindre raison. Ça faisait bien deux heures que ce torche-cul nous polluait l’ouïe. La fiente, molle et d’un seyant vert rayé de quelques stries jaunes, a atterri sur sa cochonnerie de nez morveux.
Le mioche est resté interdit. Bouche bée, l’air abruti.
Bien joué le volatile ! Mais je t’en prie, accorde-moi une faveur, la prochaine fois, essaye de viser mieux. Cible le moule à gaufre. Obstrue-lui le goulot afin qu’il s’étouffe et boucle définitivement sa grande gueule.
AUSSI EN VENTE SUR :
Format Poche / 476 pages
ISBN 978-2-924286-21-0
LE RAVIN DES MURMURES
Format Poche / 180 pages
ISBN 978-2-925019-16-9
DOMINIQUE BLATTLIN
Riches ou pauvres, puissants ou cabossés de la vie, munis de leur liste de courses tant indispensables à notre destin, les personnages, sans se connaître, vont se croiser et se retrouver face à une nature qui refuse de se laisser défigurer. Le ravin, majestueux, écoute sans cesse le murmure de ses sources et de ses secrets. La conjugaison de l’eau, bien plus perfide que les temps composés, ne cherche qu’un chef d’orchestre improvisé qu’elle trouvera avec ce grand dadais paumé qu’elle accueillera d’abord avec défiance, puis bienveillance. Les êtres du ravin protègeront cette pauvre chose qui n’attendait plus rien de l’existence et lui accorderont une légitimité inédite, celle que nous cherchons désespérément jusqu’au bout du chemin.
EXTRAIT
Shelley n’avait pas rêvé, elle venait de percevoir une voix qui se répercuta aux voûtes où nichaient des familles de Pipistrelles ou de chauve-souris. Les ailes membraneuses s’agitèrent dans l’obscurité. Elle hésita à poursuivre et fit demi-tour. C’est alors qu’elle aperçut à l’entrée du gouffre deux yeux aux reflets rougeâtres. On lui barrait le chemin. Elle identifia le bouc qui venait de charger Thibault et recula. Le sol se déroba sous elle et elle tenta vainement de rétablir son équilibre.
La glissade lui rappela le toboggan du petit jardin familial, sauf qu’il s’agissait d’un toboggan géant, improvisé. Elle atterrit, sur un lit de branchages qui amortit considérablement son arrivée, en une vaste salle circulaire. Des flambeaux crépitaient et renvoyaient des éclats fugaces sur une assemblée de boucs. Aucun cri de stupeur ne sortit de sa gorge. Les yeux exorbités, elle balaya, terrifiée, d’un regard saccadé, cette assemblée effrayante.
Elle ne voulut l’admettre, mais les boucs qui faisaient cercle autour d’elle se tenaient sur leurs pattes inférieures.
AUSSI EN VENTE SUR :
LE CAS LEWANDOWSKI
MICHEL BOURDAGE
Format Poche / 244 pages
ISBN 978-2-924286-29-6
La vie dans un quartier de l’est de la ville se développe. La routine s’installe avec les années. Les jeunes arrivent. Les vieux partent. Sauf quelques-uns qui résistent... Ils vont vous étonner. Ils vont vous heurter. Ils ont transporté avec eux leur histoire. Peu à peu, vous allez découvrir des gens sympathiques. Derrière leur bonhommie se cachait un lourd secret. Et ce qu’ils ont caché si longtemps va vous amener loin dans leur passé trouble. Vous allez les reconnaître. Ils vivent sur votre rue !
EXTRAIT
(...) Pompon, toujours dans sa fenêtre à épier les moindres gestes de Paulette, connaissait l’heure du départ pour son travail le matin et de son arrivée en fin de journée sans commettre beaucoup d’erreurs. Par les années passées, il l’avait quelquefois surprise à la porte du deuxième. Mais depuis des lustres elle n’y était pas remontée. Ça lui rendait la vie difficile tellement la curiosité le rongeait. Cet état de fait l’agaçait au plus haut point.
Toutefois, le soir où Paulette avait été retenue par Phaneuf, alors qu’il se trouvait à son poste derrière un pan du rideau du salon légèrement écarté, Paulette ne se pointa pas à l’heure habituelle. Lorsqu’elle apparut enfin sur le coin de la rue, beaucoup d’interrogations excitèrent Pompon. La p’tite approchait d’un pas pressé avec ses sacs d’épicerie. Tout en marchant, son regard se tourna vers lui, pressentant sa face de fouine. Un sourire furtif laissa paraître un instant ses dents trop avancées. Le rideau se referma d’un coup sec. Pompon eut franchement peur. Le cœur battant, il sursauta lorsque sa femme entra dans le salon pour lui signifier que son souper avait refroidi.
AUSSI EN VENTE SUR :
L'AFFAIRE K&R
MICHEL BOURDAGE
Format Poche / 370 pages
ISBN 978-2-924286-18-0
Il y a longtemps que je voulais écrire cette histoire. Pour le temps que j’ai pris à me décider… Hé bien ! Il a fallu convaincre beaucoup de monde, acteurs de ce drame, dont Karine, Rosalie devenue ma femme par la suite, ainsi que mon frère ainé, Rémy. Peut-être est-ce ma profession d’avocat qui m’a amené à fouiller tout ça. J’imagine que par déformation professionnelle je n’aime pas qu’on me mente et je n’aime pas qu’on me dissimule des faits. Mais surtout, c’est parce que mon frère, avocat lui aussi, et moi-même avons été impliqués dans ce qu’on appelait dans le milieu judiciaire l’affaire K & R.
EXTRAIT
Dale choisit le restaurant avec soin pour garantir le succès de cette soirée exceptionnelle pour lui. Il voyait en cette femme un avenir heureux dans lequel finalement il pourrait révéler à tous la réussite d’une vie affective qui lui avait toujours été refusée. Il entrerait enfin dans le giron social de ses collègues de travail. Des pensées bien naïves dues en fait à son inexpérience.
À l’heure dite, il sonna à la porte de Suzie, un peu mal à l’aise dans un ensemble sport acheté spécialement pour l’occasion. Il l’invita à monter dans un taxi. Chemin faisant, les échanges prirent une tournure embarrassante pour lui. Il ne savait quoi répondre aux questions d’usage : « D’où viens-tu ? Ton père et ta mère sont encore vivants ? À quelle école as-tu été ? » Bref des généralités insérées dans une conversation meublée de silences embarrassés. L’idée qu’un jour il puisse être confronté à une telle situation ne lui avait jamais traversé l’esprit. Il s’ingénia donc à mentir sur tout et à s’improviser un passé crédible.
AUSSI EN VENTE SUR :
LA MAISON D'HÔTES
RAPHAËL LE LAY
Format ePub / 378 pages
ISBN 978-2-925019-18-3
Solen, une sexagénaire apparemment sans histoires, vit seule dans une maison plutôt reculée, au bord d’une falaise donnant sur la Manche. Une nuit, elle accepte d’héberger un randonneur égaré. Pourtant, en lui ouvrant la porte de chez elle, elle permet en son foyer bien plus que la présence d’un simple passant. Se découvrant des qualités d’hôtesse, elle se laissera convaincre de convertir sa demeure en maison d’hôtes.
Les nouvelles rencontres qui en découleront viendront bousculer son quotidien, et bientôt les véritables questions se poseront. Qui est-elle réellement ? Combien de temps cela fait-il qu’elle réside en quasi-autarcie dans cette maison ? Et que cache-t-elle dans son mystérieux grenier ?
EXTRAIT
« Ces livres m’ont l’air parfaitement bien organisés, Madame Solen. Ne vous en préoccupez pas… Nos visiteurs seront en grande partie des montagnards et randonneurs recouverts de sueur. Une douche et un encas sont les seules choses qui attireront leur attention. »
Il s’approcha et délogea cordialement le chiffon des mains de Solen.
« Laissez… Je, je m’en occupe », insista-t-il en lui offrant un doux sourire.
Solen céda sa place et, alors qu’il dépoussiérait plus ou moins bien les couvertures des ouvrages, elle se contenta de fixer la porte d’entrée qui se situait exactement en face d’elle. L’image de cette porte imposante lui remémorait la nuit où Jean-Albert, promeneur mal averti, était venu y frapper. Pensive, elle médita un court instant sur l’impact que ce visiteur impromptu avait eu sur son existence et se demanda quelles seraient ces personnes qui viendraient désormais frapper à sa porte de manière plus régulière.
Alors qu’elle se trouvait toujours plongée dans ses pensées, un battement sur cette porte massive se produisit subitement et la ramena à la réalité : son premier client venait de parvenir sur son paillasson.
« Il faudrait peut-être qu’on installe une sonnette électrique… » suggéra Jean-Albert en terminant d’examiner les titres de certains volumes.
Solen, elle, une fois de plus, était comme sous l’emprise de la porte qui semblait la sermonner sans mot dire. Elle avait conscience qu’elle se devait de l’ouvrir, bien que généralement il lui était bien plus pragmatique de conserver le monde extérieur sous scellés. Sa main et son bras droit la devançaient et la tractaient vers cette frontière contre les étrangers.
Un homme sympathique et souriant pointa son nez dès que la porte fut suffisamment entre-ouverte :
« Et bien bonjour, Madame Solen, il me semble ? »
AUSSI EN VENTE SUR :
LE PIÈGE
GAËTAN PICARD
Format Poche / 115 pages
ISBN 978-2-924286-09-8
Grand Finaliste au Prix des Univers Parallèles 2008
Adam est un jeune médecin impétueux. Au bout du rouleau, il décide de se reposer et loue un chalet près d'un lac. Avec bonheur, il retrouve ainsi la forêt de son enfance, à Sainte-Philomène. Mais le village qu'il a quitté il y a si longtemps a bien changé. La région est désormais entourée d'une nature sauvage qui semble habitée par le secret d'anciennes rivalités entre villageois et le souvenir d'amours mortes, qu'Adam avait complètement balayés de sa mémoire. Lentement, très lentement, les vacances d'Adam tournent au cauchemar...
EXTRAIT
(...) Judith se faisait une joie, elle aussi, d’échapper à la routine. Comme à toutes les fins de trimestre, fermer les dossiers qui encombraient son bureau lui paraissait une mission impossible. Mais Judith effectuait son travail avec la grâce d’une ballerine qui, ayant mémorisé tous les pas, sait danser sans musique. Les virgules des rapports comptables qu’elle produisait pointaient toutes vers la perfection, et les colonnes de chiffres, dressées par sa plume experte, relevaient d’un savant équilibre. Dans cet art difficile qui était le sien, la courbe du profit était la voie à suivre pour devenir quelqu’un de respectable, et elle s’y appliquait avec méthode.
AUSSI EN VENTE SUR :
L'ESTHÉTICIEN
GAËTAN PICARD
Format Poche / 221 pages
ISBN 978-2-924286-07-4
Une réflexion sur la beauté doublée d’une intrigue à couper le souffle.
En congé forcé depuis plusieurs mois, l’inspecteur Dumoulin ne croyait pas reprendre du service de sitôt. Mais lorsqu’une série de crimes sordides frappe en plein cœur de son patelin, il se retrouve bien malgré lui en première ligne. Lancé sur la piste d’un dangereux psychopathe aux élans poétiques, il ignore alors que le plus grand danger auquel il sera confronté est inscrit dans son propre passé.
EXTRAIT
Déjà toute jeune, Sophie avait appris à travailler avec acharnement pour obtenir les meilleurs résultats. Ballet, musculation, aérobie, la nageuse ne négligeait rien pour améliorer ses performances. Son zèle embêtait ses consœurs qui enviaient son succès et sa beauté. Mais la jolie brunette connaissait sa valeur et ne s’en laissait pas imposer. Lorsqu’elle posait le pied à terre, même ses entraîneurs l’écoutaient.
Son caractère bouillant ne faisait peut-être pas l’unanimité, mais tout le monde s’entendait pour dire que Sophie était une athlète très douée. Personne, même en privé, n’osait le contester. Elle possédait un talent naturel doublé d’une volonté de fer. Supportée par des parents dévoués, elle était destinée à un brillant avenir. Dans le milieu, on la qualifiait d’espoir olympique et la première place du podium semblait à portée de main. Mais une banale blessure lors d’un entraînement était venue tout changer. Une déchirure du cartilage de l’épaule gauche l’avait contrainte à abandonner la compétition. C’était son plus grand regret. Une déception sans nom pour une compétitrice de son calibre. Elle avait conservé toutes les médailles et les photos de ses exploits, et les consultait régulièrement. C’était tout ce qu’il lui restait d’une autre vie dont elle ne voulait rien oublier.
AUSSI EN VENTE SUR :
POUSSIÈRE D'ÉDEN
GAËTAN PICARD
Format Poche / 246 pages
ISBN 978-2-924286-52-4
Une nano molécule qui régénère le cerveau et freine le vieillissement suscite la convoitise des géants pharmaceutiques. La situation s’envenime lorsque Eva Minalova, ancienne élève du réputé microbiologiste Hans Friedman, est kidnappée sur une voie rapide en périphérie de Caracas. Des miliciens à la solde d’une mystérieuse secte sont aussitôt pointés du doigt. Au mauvais endroit au bon moment, l’inspecteur Dumoulin se met en tête de retrouver la jeune femme à l’insu des autorités, qu’il juge aussi incompétentes que corrompues. Son enquête le conduira sur la piste d’un étonnant paradis transhumaniste perdu au cœur de la forêt tropicale. Une terre idyllique qui deviendra sous ses yeux le théâtre d’un maléfique complot.
REVUE DE PRESSE
« Il est important de souligner la grande qualité des descriptions, qui permettent de maintenir le mystère, tout en le montrant. À lire l’auteur, cela semble facile, mais il suffit d'avoir écrit un peu pour savoir combien cet art est difficile. Il faut aussi souligner la cohérence des données techniques utilisées, qui permettent de maintenir la crédibilité du roman, tout en respectant l’horizon d’attente et les capacités des lecteurs. Cette capacité de synthèse et d’image permet d’illustrer et d’intégrer certains concepts, quand même ésotériques (transhumanisme, post-humanisme), de manière claire. En résumé, un roman très bien écrit. » – Cédric Ouellette, critique littéraire.
AUSSI EN VENTE SUR :
Découvrir NUM
Nos collections
Nos séries
Magasiner